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NumĂ©rique et climat : oĂč sont les donnĂ©es ?

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Cet article fait partie d’une sĂ©rie posant la question : quelle est la place du numĂ©rique dans un monde bas carbone ?

Introduction

Dans le numĂ©rique, les donnĂ©es correspondent au nerf de la guerre. Sans elles, nous ne pouvons pas comprendre l’impact du domaine sur le climat et l’environnement en gĂ©nĂ©ral. DĂšs lors, toute action serait un tĂątonnement en espĂ©rant aller dans la bonne direction. Ne soyez pas Ă©tonnĂ©s en voyant certains dĂ©bats sur l’empreinte carbone des mails ou de la vidĂ©o : la plupart des personnes n’en savent rien, car lĂ  est le problĂšme, nous manquons de donnĂ©es. VoilĂ  oĂč nous en sommes dans le domaine du numĂ©rique: au dĂ©but.

Des initiatives

Des initiatives ont eu lieu comme NegaOctet (voici une partie gratuite : base impact), un rĂ©fĂ©rentiel pour permettre de mieux comprendre et de rĂ©duire l’impact environnemental de diffĂ©rents produits ou services numĂ©riques. Un autre rĂ©fĂ©rentiel est celui de la base carbone de l’ADEME. Ce dernier est constituĂ© d’un ensemble de coefficients qui permettent, une fois multipliĂ© par la quantitĂ© souhaitĂ©e, de retrouver un ordre de grandeur des Ă©missions de GES Ă©mises.

Une mauvaise compréhension du sujet dans le débat public

Il est important de s’attarder un instant sur ces chiffres. Ils sont souvent utilisĂ©s Ă  tort et Ă  travers dans le dĂ©bat public. Il y a d’ailleurs un rĂ©el travail de vulgarisation Ă  apporter afin de changer les habitudes de tous de façon raisonnĂ©e, organisĂ©e et dĂ©passionnĂ©e.

L’ADEME avait publiĂ© une premiĂšre estimation en 2011 de l’empreinte carbone d’un mail, avec ou sans piĂšce jointe. Cette derniĂšre pouvait aller jusqu’à 50 gCO2e (gramme Ă©quivalent CO2) et des phrases chocs en dĂ©coulaient comme “cela [l’utilisation quotidienne des mails par un salariĂ© moyen] reprĂ©sente 13,6 tonnes Ă©quivalents CO2, soit 13 allers-retours Paris New York”.

Les calculs ont Ă©tĂ© actualisĂ©s au vu des nouvelles donnĂ©es et nous parlons de 4 gCO2e pour un mail simple tandis qu’il s’agirait de 35 gCO2e avec piĂšce jointe.

Mon avis ? Il s’agit d’estimations grossiĂšres qui sont sujettes Ă  des interprĂ©tations fausses pour le grand public. MĂȘme le nouveau chiffre est donnĂ© avec une incertitude de 100% par l’ADEME. Se mettre d’accord que les entreprises ont du travail pour optimiser leurs systĂšmes d’information (comme par exemple la messagerie avec l’envoi de mail Ă  des dizaines de destinataires qui ne sont pas concernĂ©s) est une chose, mais utiliser ce chiffre avec une Ă©norme incertitude pour le multiplier par le nombre d’emails qui transitent chaque jour ne fait qu’apporter du bruit dans le dĂ©bat public.

Tous les modĂšles sont faux, beaucoup sont utiles, certains sont mortels.
(Nassim Nicholas Taleb, Skin in the Game)

Nous sommes relativement prĂ©cis sur la connaissance de la consommation Ă©lectrique des systĂšmes et c’est dĂ©jĂ  une premiĂšre Ă©tape. Nous savons aussi qu’il faut minimiser notre consommation Ă©nergĂ©tique, qui doit au passage ĂȘtre la plus dĂ©carbonĂ©e possible.

NĂ©anmoins, dĂ©terminer l’empreinte carbone en se basant sur celle des rĂ©seaux ainsi que des terminaux et de toute la pile logicielle ne fait qu’additionner les incertitudes. Il s’agit d’un calcul trĂšs complexe, d’autant plus qu’il est mondialisĂ© et que les donnĂ©es des constructeurs sont souvent confidentielles. Ce ne sont d’ailleurs pas que les usages qui sont Ă  remettre en question, mais encore une fois les sources d’énergies primaires qui permettent de produire l’électricitĂ© (cf. mix Ă©lectrique Français par rapport au Chinois). Il est dĂšs lors souhaitable de prendre les rĂ©sultats avec des pincettes.

Des recherches plus poussées sont en cours

La critique Ă©tant faite, il est vital qu’un travail de recherche soit continuĂ© et poussĂ© au maximum pour que tous les acteurs se mettent dans le bon sens de la marche avec une cadence plus rapide.

Ce domaine de la recherche est d’ailleurs l’un des chevaux de bataille de la loi REEN (cf. prĂ©cĂ©dent article) qui prĂŽne le dĂ©veloppement d’un observatoire des impacts environnementaux du numĂ©rique auprĂšs de l’ADEME et de l’ARCEP.

Conclusion

La recherche de données fiables et exploitables est nécessaire pour atteindre nos objectifs. En effet, nous pouvons décomposer la décarbonation en 3 étapes : établir une comptabilité carbone, conseiller pour prendre des décisions adaptées au cas par cas pour enfin implémenter les solutions préconisées. Les données ont un rÎle sur tous les maillons de la chaßne, notamment les deux premiers. La comptabilité carbone est un sujet en partie traité dans le précédent article avec de nombreux acteurs en France (Greenly, Sami, HelloCarbo ou Greenmetrics qui est focalisé sur le numérique).

Dans un prochain article, nous parlerons des solutions que nous pouvons effectuer afin de faire notre part en tant que citoyen, mais aussi des projets qui peuvent ĂȘtre entrepris au sein des entreprises de maniĂšre Ă  traquer et rĂ©duire cette dĂ©pendance au carbone.